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Glossaire.dde-crisis: la maniaco-dépression du monde

(1) Cette >touche personnelle< n'est ni un symbole, ni une image, ni rien qui soit du seul champ théorique. L'auteur (PhG) a effectivement connu, non pas dans son chef mais dans le chef d'une personne qui lui était extrêmement proche, le drame individuel et humain de la maniaco-dépression, la catastrophe inimaginable que cette pathologie apporte à un destin (ou à un destin commun). Il a expérimenté combien est grande la tendance intuitive à identifier l'action du Mal dans cette affection, – qui est, certes, bien autre chose que la souffrance physique. Il est nécessaire, trois ans plus tard, de donner cette précision, pour faire mieux comprendre combien cette démarche intellectuelle de porter une pathologie individuelle au niveau collectif fondamental d'une civilisation n'est pas le produit de la seule hypothèse intellectuelle. Il est par ailleurs possible, en présence d'une telle catastrophe individuelle, de nourrir son propre intellect en en tirant une telle hypothèse que celle qui est envisagée ici, et en même temps d'en faire une thérapie psychologique pour soi-même, pour faire sortir ce qu'on juge être un bien de cette manifestation évidente du Mal.

(2) Ces observations impliquent effectivement que toute prospective de la crise d’effondrement, de la forme de l’effondrement, de ce qui suivra l’effondrement, etc., est logiquement impossible. Dire le contraire serait contraire à la logique et proposer effectivement des >modèles< postcrisiques constituerait, même involontairement et en toute innocence, une proposition nécessairement faussaire. Nous dirions que cette conscience est d’autant plus nécessaire qu’une telle observation lorsqu’elle est acceptée, influe sur notre destiné même en nous forçant à des attitudes spécifiques qui perpétuent notre bataille antiSystème absolument jusqu’à son terme, nous interdisant de considérer même le Système comme un élément qui fasse partie de notre univers, pour nous interdire d’éventuellement composer avec lui. De ce point de vue, cette appréciation de la crise psychologique du monde selon la référence maniaco-dépressive, – épisode maniaque et épisode dépressif intimement liés, – constitue une sorte de >doctrine Cortez< de notre bataille contre le Système. Nous ne pouvons qu’aller jusqu’au bout, assurés que nous sommes de ne pouvoir jamais rencontrer le Système sur un terrain psychologique apaisé, mais toujours sur un terrain psychologique crisique, – épisode maniaque ou épisode dépressif. Le Système est notre poison et nous ne pouvons composer avec le poison qui nous tue.

(3) Nous disons également la >raison-subvertie< (avec tiret), selon une précision conceprtuelle qui est intervenue dans notre conception initiale, présentée le 29 novembre 2014 dans cette rubrique, à partir d’un texte dde.crisis datant du 10 juillet 2010. Les événements du monde, le caractère crisique absolu de l’époque que nous vivons, l’inversion régnante de façon systématique qui caractérise les actes des autorités en place, la subversion totale de la plupart des esprits des élites-Système, tout cela permet de conclure que la >raison-subvertie< est devenue une catégorie en soi du monde intellectuel du sapiens.

(4) Dans ce cas bien précis, il doit être entendu comme évident que les >Idées< qui sont citées sont des produits absolument subversifs, des Idées-inverties par rapport au sens que l'Idée créatrice d'idéal peut avoir dans un cadre structurant d'harmonie, d'équilibre et d'ordre comme en suggère la tradition selon notre interprétation. Ces Idées sont des ruses de la Matière (ou du Mal) pour satisfaire la raison-subvertie et ainsi achever sa subversion. Elles sont un artifice de communication, une sorte d'>hollywoodisme< si l'on veut une image convenante et facile, pour parfaire l'illusion que représente la Révolution française dans l'épisode maniaque manipulé à son avantage par la Matière déchaînée.

(5) Dans ce passage, nous avons apporté des modifications de précision pour bien marquer la rupture fondamentale de la psychologie entre >les temps d’avant< et >le temps de la modernité<. Cela correspond à un renversement complet du sens de la perception du monde, tel que nous nous le constatons à partir de la Renaissance, notamment selon notre interprétation dans le deuxième Tome de La Grâce de l’Histoire, Troisième Partie, et c’est à cela que se réfère le renversement auquel nous assistons avec la psychologie, avec la manifestation du Mal passant de la dépression où il est à visage découvert, à l’épisode maniaque où il est absolument tromperie : «La matière concrète de ces remarques concerne principalement le retournement rupturiel de la référence fondamentale de l’humanité de ce temps-là d’autour de la Renaissance. Jusqu’alors, cette référence s’inscrivait comme une poutre-maîtresse dans la Tradition fixée dans le passé comme la source spirituelle de toutes choses, nécessairement comme une trace de la lumière des origines où l’infini de la perspective nimbait la cosmologie du monde; désormais, cette référence est l’avenir, décrété sublime, lavée de tout soupçon de transcendance par la grâce interlope d’une sorte de divinité faussaire parfaitement maîtrisée, recomposée selon des normes dites >humanistes<, prétendant hausser l'univers à l'image de nos ambitions prétendues hautes, nous haussant nous-mêmes, du moins dans la prétention, selon les normes de notre hybris. La référence dite fondamentale change radicalement, du passé qui structure notre civilisation à l'avenir qui la transformera évidemment, si ce n'est en cours...»

(6) C’est un point historique que nous jugeons particulièrement important, et sur lequel nous devons toujours insister. Il s’agit du basculement de 1996, après cinq années de terrible dépression du sentiment général US, qui aurait pu faire croire à la possibilité d’une réaction salutaire, – selon l’idée introduite dans cette étude que la dépression peut et doit être salvatrice; c’eût été alors une révolte des citoyens américains contre le système de l’américanisme, forçant à des bouleversements de lui-même par ce système. Au contraire, la psychologie américaniste, à nouveau reprise par ses démons renvoyant évidemment au Système et à la tromperie moderniste, versa dans une phase maniaque absolument paroxystique. Les JO d’Atlanta de juillet 1996 furent l’événement qui permit ce renversement, comme on le lit notamment dans un texte du 2 septembre 2005 sur ce site.

(7) Nous avions souvent rappelé et commenté cette déclaration d’Alan Greenspan qui s’inscrit évidemment dans l’épisode maniaque évoqué à la note (6). On peut en trouver un rappel, par exemple le 23 juillet 2012.

(8) Paroles d’un >officiel< de l'équipe GW Bush dite à l'été 2002 au journaliste Ron Suskind, voir le 23 octobre 2004.

(9) Tout le destin d’Obama est résumé dans la formule >American Gorbatchev< qu'il repoussa malgré l'objurgation du destin. Son refus d'être un >American Gorbatchev< qui aurait écarté la psychologie maniaque de la direction politique au profit d'une démarche volontariste découvrant l'état dépressif de l'Amérique marque sans doute l'échec décisif d'une réforme possible, la dernière chance de réforme du Système. En un sens, l'épisode maniaque de la nuit suivant l'élection de novembre 2008 constituait paradoxalement un appel désespéré de la psychologie collective au président élu pour qu'il accepte de s'ouvrir à l'aspect dépressif exprimant la véritable situation des USA. (Voir notre texte du 6 novembre 2008, «L’enthousiasme fou du désespoir».) Le refus d’Obama fait de lui >le président intelligent le plus stupide< de l'histoire des USA et une sorte de deuxième mise en esclavage, de type postmoderne bien entendu, de la communauté Américaine-Africaine des USA.

(10) Voir notamment les textes du 2 avril 2011 (la >chaîne crisique< du >printemps arabe<) et du 11 novembre 2011 (le mouvement Occupy Wall Street).

(11) Nous préciserions l’idée de >gagner du terrain< de cette façon : la partie dépressive a avancé d'une façon significative dans la perception que la partie maniaque (la direction-Système) est en crise profonde. Cette façon d'attirer la partie maniaque vers une reconnaissance forcée de la réalité engendre effectivement un surcroit d'incohérence de la part de cette partie maniaque. La poursuite (inévitable par ailleurs) de l'épisode maniaque signifie une accentuation du simulacre, du poids de la vérité du monde sur la psychologie, une fatigue supplémentaire de la psychologie de la partie maniaque, une accentuation de sa crise, de la perception de sa crise par elle-même, etc. >Gagner du terrain< implique une avancée dans une bataille des psychologies, entre simulacre et vérité du monde (entre épisode maniaque et épisode dépressif).

(12) Voir notre texte du Glossaire.dde-crisis du 28 janvier 2015.