La grâce de l’Histoire : Deuxième Livre (IV)
28 novembre 2013 – Nous avons tenu nos lecteurs épisodiquement informés des avatars divers caractérisant l’évolution de la structure de La Grâce de l’Histoire. On sait désormais que le volume unique de l’origine s’est scindé en trois tomes (voir notre >La Grâce… Carnet de bord-1<, du 17 juillet 2013). Depuis, l’évolution s’est poursuivie, et les trois tomes ont été baptisés, respectivement Troisième cercle, Deuxième Cercle, Premier Cercle, dans l’ordre inverse des tomes I, II et III. Nous nous expliquons de cela dans >La Grâce… Carnet de bord-3< du 27 novembre 2013.
Aujourd’hui, nous présentons la Troisième Partie de ce qui est désormais le deuxième tome de La Grâce de l’Histoire. (Voir ce même 28 novembre 2013.) Il s’agit du >siècle du persiflage<, ou le XVIIIème siècle dominé par ce mot de >persiflage< (le titre de cette Partie : Les Lumières à l’aune du persiflage). Il s’agit de mettre en évidence ce que nous jugeons être le phénomène principal, selon notre démarche analytique et notre méthodologie, qui permit à l’événement que nous nommons >déchaînement de la Matière< de se produire dans toute sa puissance.
« Ainsi, pouvons-nous mieux substantiver la définition de l’antimoderne en même temps que celle du >négationniste< qui est le moderne par conséquent ; cette définition se déduit de l'opposition entre ceux qui perçoivent la crise comme une unité (crise haute) et ceux qui refusent cette idée, entre ceux qui perçoivent par conséquent dans cette unité de la crise un >progrès< par le seul fait de hausser la crise et donc sa résolution par opposition à ceux qui ne peuvent concevoir cela puisqu'il refusent l'unité de la crise ; la définition se fixe décisivement, par conséquent, avec cette opposition entre ceux qui conçoivent l'Unité et ceux qui l'ignorent. Que ce travail d'identification de l'antimoderne dans la crise haute passe, pour le cœur de la définition qui concerne la question de l'Unité, par le rapport de similitude entre Maistre et Baudelaire rencontre parfaitement la logique du propos : dans le classement qui est fait des >antimodernes<, les deux hommes figurent en bonne place. De même, on observera que ce cas est également des plus intéressant pour mieux nous faire comprendre ce que, paradoxalement, cette >crise d’effondrement< a de haut, justifiant alors d’autant plus l’expression de >crise haute<.
» Il nous a paru important, pour équilibrer l’impression générale d’un emportement irrésistible qui toucherait toutes les psychologies, impuissantes et résignées, que pourrait donner notre étude du phénomène du persiflage du XVIIIème siècle et ce qui a précédé, de signaler qu’il existait et qu’il existe par conséquent des exceptions, des >modèles< de caractère, avec la psychologie qui va avec, échappant à cette emprise. On peut envisager l'idée qu'il existe des degrés de variabilité de vulnérabilité de la psychologie aux influences extérieures type->persiflage< ; on peut même envisager, et cela vaut surtout pour notre époque du XXIème siècle, que >deux< psychologies à l'intérieur d'une puissent cohabiter, pour un seul esprit sous la forme d'une division fluctuante à l'intérieur de cette psychologie : une partie sous influence, l'autre résistant à cette influence et même la dénonçant, avec un rapport variable entre les deux. Il nous a encore paru important de montrer par conséquent à la fois l'absence de totalité mécanique et l'absence d'irréversibilité du phénomène que nous décrivons. (Cela signifie que le totalitarisme conditionnant l'hermétisme du Système actuel, issu du >déchaînement de la Matière<, est conditionné à l'abaissement et à l'asservissement constant des psychologies, – ce qui n'est pas une donnée absolue comme nous l'établissons désormais, puisque des psychologies mieux armées que d'autres échappent à ce sort fatal.)
» Cette possibilité de résistance est bien plus qu’une nécessité sur le fond, elle est une nécessité de notre propos, puisque nous ne saurions accepter l’idée de l’irrésistibilité de la puissance de la Matière et donc nous ne pouvons qu’accepter l’idée de sa défaite finale, par quelque moyen qu’il plairait à ce que nous désignerions, non sans une ironie bienveillante et plutôt adressée à ceux qui haussent les épaules devant ce concept, – la Providence. Dès lors, l’option de la résistance existe bel et bien ; non seulement elle ne peut être écartée mais elle doit être choisie impérativement, à partir de l’identification qu’on en fait, si on la fait. Les antimodernes s’inscrivent dans cette >option<, par conséquent ils sont des >résistants< et ils marquent, par un côté ou l'autre d'eux-mêmes, la même nécessité, autant de notre propos que du destin du monde. »