Glossaire.dde : le facteur >crisique<
30 avril 2013 – Nous développons l’identification et l’explication d’un qualificatif que nous employons beaucoup, et qui arrive sans doute au terme de son exploitation dans la production de nouveaux concepts, avec le concept d’>infrastructure crisique<. On peut voir une sorte d'>avant-propos< à cet égard dans notre Note d’analyse du 27 mars 2013, employant également l’expression générale et symbolique de >notre kosmos crisique<. (Tout juste restera-t-il désormais à proposer des concepts de réaction au >facteur crisique<, tel qu'>embourbement crisique<, que nous utilisons le 29 avril 2013, qui concerne le situation des dirigeants-Système confrontés à l’infrastructure crisique, – la >guerre syrienne< en l'occurrence.)
Le qualificatif >crisique< est employé dans divers concepts, outre celui d'infrastructure crisique, notamment (avec les liens renvoyant à des textes élaborés à leurs propos) : >structure crisique< caractérisant la structure politique dans le défilement du temps historique depuis les événements venus de l'époque 1999-2001, devenant enchaînement de crises avec la >chaîne crisique<, déterminant alors ce que nous désignions comme un >temps crisique<.
Peut-on parler effectivement de >kosmos crisique<, expression que nous avons déjà utilisée (le 27 mars 2013), comme d’un concept symbolique s’instituant en concept métaphysique ? Dans le texte référencé, nous présentions cette idée de cette façon :
«Nous allons prendre quelques exemples de la situation actuelle, que nous interpréterons, pour introduire des données expérimentales et hypothétiques à partir desquelles nous estimons qu’on peut parler d’un nouveau concept pour caractériser notre situation. Ensuite, nous donnerons notre appréciation de ce qu’est, selon nous, l’>infrastructure crisique< qui constituerait désormais, outre d'être le caractère et le moteur de la situation générale, le cadre actif, le contexte impératif, le véritable kosmos de notre situation (au sens que lui donnaient les Grecs d'univers clos en soi, d'entité), – ce qu'on pourrait désigner après tout comme notre >kosmos crisique<.»
Sans aucun doute, le concept de >kosmos crisique< nous semble acceptable pour conduire à son terme l'exploration de notre >facteur crisique<, à condition de pousser cette exploration au-delà de la définition ci-dessus qui ne peut être qu'une base de départ. Il importe à cet égard de suivre la puissance du contenu, en d'autres mots de nous laisser guider par la puissante logique interne du mot et de la langue. L'idée du >kosmos crisique< enchaîne en effet directement sur l'idée d'une hypothèse que nous dirions >cosmique-crisique<, ou de la dimension cosmique de notre monde présentement, qui serait également et nécessairement une dimension crisique. Dans ce cas, l’élément >infrastructure crisique< qui est le dernier stade du processus normal d'extension du facteur crisique, se trouve haussé à un niveau supérieur (cosmique) qui englobe toutes les activités possibles ; tout en restant dans sa situation infrastructurelle, l'élément >infrastructure crisique< s'étend dans toutes les dimensions, y compris les dimensions métahistoriques, achevant d'englober complètement le Système, à partir de l'intérieur de lui-même dont l'infrastructure crisique est devenue un élément-clef. C'est la situation de >l’ennemi est dans la place<.
Cette hypothèse dont les références métaphysiques sont évidentes et absolument nécessaires, implique que la structure générale de notre univers, la >normalité< de notre univers est devenue crisique en perçant l'hermétisme du Système, cela s'avérant le seul moyen mais aussi le moyen idéal et inégalable de contrecarrer l'expansion du Système, de la briser, de la retourner contre elle-même. Cette >normalité crisique< s'avérant, au contraire de l'activité crisique normale, comme une paralysie générale dans des situations insolubles, le cadre d'évolution de la dynamique de surpuissance du Système, déstructurante et dissolvante, se trouve paralysé et encalminé dans cette paralysie générale, à la fois solidification et fixité d'une situation de crise générale immobile et par conséquent non soluble. Le résultat est l'enfermement du Système dans son activité déstructurante et dissolvante qui ne s'exerce plus que contre le seul élément mobile possible, qui est le Système lui-même justement. On utilisera, pour illustrer ce propos, l'image du scorpion qui se pique lui-même et se suicide, parce que cette image représente bien l'autodestruction, mais aussi l'autodestruction selon un mouvement d'enroulement sur soi-même, comme la queue du scorpion terminée par le dard se replie en un mouvement arrondi jusqu'à la tête de l'animal... Il s'agirait de la formule décisive transformant la surpuissance du Système en autodestruction.
Il ne fait en effet guère de doute pour nous, selon cette démarche intellectuelle que nous poussons au terme de sa logique, que cette expansion du facteur crisique est une dynamique animée par des forces extérieures pour créer des conditions irrésistibles pour permettre l’acte concret d’autodestruction du Système, c’est-à-dire opérationnaliser cette tendance fondamentale du Système qui passe de la surpuissance à l’autodestruction, en utilisant cette surpuissance pour animer son autodestruction. C’est dire l’importance du facteur crisique dans notre dispositif : même si ce facteur crisique n’est pas une explication métaphysique conceptualisée de l’autodestruction du Système, il en est le moyen cosmique fondamental et, comme tel, contient des éléments essentiels de cette explication.