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L’Iran, la Maison-Blanche, Seymour Hersh et les spéculations sur Sarkozy et Brown

Entre la session annuelle des Nations Unies, les diverses fuites sur l’attaque de l’Iran du jour, le nouvel article de Seymour Hersh, il y a un regain d’intérêt sur divers domaines connectés à une éventuelle attaque de l’Iran. Particulièrement au centre de ces préoccupations, la position de la France vue par les Anglo-Saxons (c’est-à-dire les Britanniques et les Américains), et en connexion avec les relations USA-UK. Il est très difficile de déterminer exactement la réalité des relations entre les uns et les autres, dès lors qu’il est question d’un triangle où la position de chacun, dans cette alliance proclamée emphatiquement, est en fait parcourue de sous-entendus et d’arrière-pensées comme une grande guerre de triage de voies de chemin de fer.

Signalons trois textes/trois extraits de textes qui donnent des indications ambiguës, contradictoires et ainsi de suite.

Il y a cet article, dans le Daily Telegraph du 3 octobre, où Sarkozy est célébré comme le nouveau meilleur allié de Washington en Europe (avec Merkel tout de même, que vient-elle faire dans cette galère?), comparé à l’étoile d’un Gordon Brown qui pâlit affreusement: «The White House no longer views Britain as its most loyal ally in Europe since Gordon Brown took office and is instead increasingly turning towards France and Germany, according to Bush administration sources.» Tout cela est un peu incertain, voire suspect (d’autant que l’éloignement de Brown de Washington au profit du rapprochement de Paris [et de Berlin] de Washington est compensé par un rapprochement de Brown de Paris [et de Berlin]). Le dithyrambe du Français tombe à pic pour faire sentir au Britannique ce qu’il est en train de perdre, d’autant que l’article se termine par ces mots qui nous confirment que Sarko est le nouvel ami privilégié de GW (ou du Pentagone, en l’occurrence), quand ce n’est pas trop important suppose-t-on, puisque, si les choses deviennent sérieuses, ce sera à nouveau le Britannique qui comptera Drôle de nouvel ami privilégié, drôle d’analyse.

«At the Pentagon, there’s a feeling that Britain is letting the side down on Iraq. The new best friend is Sarkozy and that means Brown taking a step back doesn’t matter as much. In White House eyes, Sarkozy is taking up the slack from Blair. When things get tough, however, they’re likely to turn to Britain again.»

Il y a les déclarations de Sy Hersh, qui valent largement celles de dix officiels de l’administrations revus à la sauce-Daily Telegraph (quotidien relais des neocons). Ces déclarations, déjà signalées par un lecteur, mettent en évidence que les Britanniques sont assez favorables à une attaque mais les Français pas du tout. L’argument exposé par Hersh pour les Français est valable: les Français n’aiment pas du tout qu’on s’éloigne de l’argument nucléaire pour entrer dans l’argument d’une guerre régionale (attaquer l’Iran à cause de l’Irak) où un soutien éventuel irait à une entreprise US de tentative de réaffirmation de l’hégémonie US contre l’Iran.

Les mots de Hersh, extraits d’une interview du hier:

«The [Hersh’] article stated that, The bombing plan has had its most positive reception from … Gordon Brown, but this was denied yesterday by some with close ties to the US military.

»It is quite the opposite, said Phillip Giraldi a former CIA counterterrorism officer. In fact Robert Gates [the US Defence Secretary] was rebuffed during his recent visit to London when the idea was floated.

»Because British mine-sweepers based in the Gulf of Hormuz will be essential to any US action against Iran, US war planners need to have Britain on board, he said. So far that is not forthcoming.»

Il y a dans tout cela de considérables ambiguïtés et des tonnes de désinformation. Il n’est pas du tout assuré que quiconque, même parmi les dirigeants des trois pays, puisse dire quelle est la situation exacte dans ce triangle France-UK-USA. Il faudra revenir sur la question pour tenter d’y voir plus clair.

Mis en ligne le 3 octobre 2007 à 16H44