Dans l’analyse que nous reproduisons par ailleurs, l’analyste Federico Bordonaro de la société américaine d’analyse PINR parle d’ascension (rise) des différents souverainismes en France («
Lorsque Le Monde aborde le même problème dans un entrefilet qui présente les analyses de spécialistes des sondages, le même jour où PINR publie son analyse, il nous offre ce titre : « La persistance de l’attachement à l’identité nationale. » Le mot employé est persistance.
Tout est là du grand débat qu’a institué ce fantastique référendum du 29 mai, avec ces deux mots. Ascension implique quelque chose de nouveau, persistance implique quelque chose qui dure alors qu’il devrait avoir disparu, comme une sale maladie. Dans les deux mots, en retournant l’ordre de la présentation, il y a la chose et l’esprit de la chose : persistance (mis à part la nuance d’agacement et de mépris du mot, bien dans les habitudes du journal cité, lorsqu’il s’agit du sentiment national) prend au pied de la lettre, au premier degré, le fait qu’effectivement l’identité nationale est une idée ancienne et qu’elle n’a donc rien de nouveau (appréciez tout le poids de dédain et d’insatisfaction de ce constat); ascension prend en compte l’esprit de la chose, le fait qu’effectivement la présence si forte de l’identité nationale dans le débat menant au 29 mai est un facteur complètement nouveau.
Il y a autre chose qui justifie le mot ascension (nouveauté) et fait repousser le réductionnisme du terme persistance, tout en comprenant bien la colère qui se dissimule derrière le mot: le poids considérable de la gauche dans le vote du 29 mai. Cela signifie que le souverainisme touche la gauche dans une mesure importante. Cela est tout à fait nouveau et justifie le terme d’ascension. On peut peser le poids réel d’amertume, à côté de l’habituelle tentative de tromperie, de l’emploi du terme persistance, Tu quoque fili semble nous dire Le Monde, désignant cette part importante du peuple de gauche qui a voté non.
Mis en ligne le 4 juin 2005 à 11H00