On se trouve là devant un cas typique de renversement des positions par rapport au schéma d’engagement que nous suivons. Tous les engagements sont soumis à de tels renversements, aussi est-il nécessaire de s’engager vis-à-vis, ou à l’encontre d’une entité non identifiable selon les répartitions géographiques et politiques courantes, – comme le Système par conséquent, entité absolu, qui est notre seul adversaire absolu (Delenda Est Systema). Un tel engagement permet la meilleure souplesse du monde, et de se trouver à l’aise, en signalant effectivement la justification de ces variations, pour suivre les variations d’une époque incontrôlable où toutes ces certitudes sont soumises aux constantes et très rapides modifications d’une situation chaotique. Simplement, il s’agit de bien reconnaître les siens…
Dans un certain sens extrêmement puissant, nous sommes tactiquement opposés au wokenisme qui représente une formidable force de dégénérescence et de déconstruction. Mais nous ne cessons de répéter que dans le plus grand nombre de cas, le désaccord tactique que nous ressentons vis-à-vis de certaines actions se transforme en accord stratégique dans la mesure où ces actions déconstructurante détruisent des structures qui ont été soit mises en place, soit confisquées par le Système ; dans quelque cas, par contre, le rapport tactique-stratégie d’indirect devient direct, dans la mesure où certaines actions tactiques d’une force à laquelle nous nous opposons tactiquement deviennent soudainement stratégiquement positives.
C’est le cas ici. Le wokenisme, force tactique hautement condamnable pour nous tant qu’elle agit sur la situation interne de nos pays, sur leurs cultures et leur cohésion sociétale, prend une orientation pour nous complètement différente dans certaines situations de politique intérieure et surtout extérieure. Le wokenisme, et surtout sa composante antiraciste-USA et >indigéniste<, suit le schéma intérieur tactique qu'on a vu, sans aucun avantage stratégique direct puisqu'il ou elle a partie liée avec les puissances du woke-capitalisme qui est absolument une composante du Système.
Mais dans le cas israélo-palestinien, le wokenisme dans la composante qu’on a dite (antiraciste-USA), se situe par ses origines référentielles et sa dialectique présente, dans les restes des courants ex-tiersmondistes et anti-impérialistes (beaucoup plus qu’anticolonialistes, qui est un complet simulacre en France). L’impérialisme, devenu néo-impérialisme et dont la politique d’Israël et celle des USA sont à l’unisson parties prenantes, est aujourd’hui une force bien vivante et malfaisante au service du Système, d’ailleurs composante centrale de la >politiqueSystème<. Ainsi le wokenisme, avec BLM en bandouillère, s'inscrit-il contre la politique néo-impérialiste d'Israël, – et il devient pour nous, miracle et logique à la fois de la transmutation élastique des variables, complètement antiSystème.
Ce constat tactique-stratégie est importante, mais il n’est pas tout. On se trouve en effet dans un cas fondamental que résume la question : la politique de >soutien conditionnel à Israël< des USA est-elle menacée ? Eh bien, cette question n'est plus de rhétorique et certainement sérieuse opérationnellement ; elle a toute sa justification, et la réponse n'est certainement pas négative. Il s'agit désormais d'un problème clairement exprimé, qui affecte l'une des constantes les plus puissantes de la situation stratégique du monde (le >soutien inconditionnel< et l'armement de la même sorte, d'Israël par les USA).
Pourquoi pouvons-nous être si tranchant dans l’existence du problème et la menace portée contre cette politique ? Pour deux raisons absolument complémentaires :
• la faiblesse de la direction politique américaniste actuelle, maintes fois exposée et maintes fois manifestée ; notamment une faiblesse très forte par rapport au parti démocrate dont cette direction est issue, justement à cause de sa propre faiblesse interne (celle du parti démocrate) due à ses divisions ;
• la faiblesse du parti démocrate tient dans le fait de cette force dont ce parti prétend faire la source de sa fortune future, c’est-à-dire le wokenisme au travers de tous ses composants (antiracisme, diversité, genrisme, bref toutes les matières sociétales et toutes les minorités) ; le parti démocrate appuie ce qu’il juge être son hégémonie politique future sur ces nouvelles >clientèles< et il n'a donc rien à leur refuser, – comme le montre d'ailleurs le vote de la Chambre, où c'est toute la majorité démocrate qui a voté contre le processus menant au vote sur le projet de loi républicain anti-Hamas : alors, que faire dans le cas israélo-palestinien ? A nettement parler, si le wokenisme reste sur ses positions, il nous semble que le parti démocrate est complètement pris à son propre jeu ; et l'alternative à un alignement sur le wokenisme se nomme désordre, ce qui est également une excellente chose (win-win pour nous…).
• On comprend alors qu’effectivement se pose la question >la politique de ‘soutien conditionnel à Israël’ des USA est-elle menacée ?<, et qu'il s'agit bien d'un suspens potentiellement révolutionnaire (là aussi !) en matière de politique extérieure.
Pendant ce temps, il y a les républicains. Farouchement opposés aux wokenistes, et opposés avec des nuances aux démocrates, tout cela radicalisés dans les circonstances qu’on connaît ; mais aussi farouches soutiens d’Israël en général, avec des nuances beaucoup plus modérées chez ceux (les paléos-conservateurs et les libertariens) qui se disent également antiguerre (adversaires de la politiqueSystème). Pour l’instant, les républicains se réjouissent des ennuis des démocrates, sans nécessairement réaliser qu’ils pourraient eux-mêmes en avoir…
Quant à nous, nous nous situons dans ce cas plutôt en opposition aux républicains ; question de souplesse… Dirait-on que nous sommes parfois sinon souvent à droite, et parfois malgré tout à gauche jusqu’à complètement l’espace d’un instant ? (Dans les années 2000, nous étions >parfois sinon souvent à gauche, et parfois malgré tout à droite jusqu’à complètement l’espace d’un instant<)... Nous sommes également, non pas parfois ni souvent, mais complètement indifférents, sinon hostiles et méprisants, à l'égard des étiquettes. Question de principe.
Mis en ligne le 20 mai 2021 à 14H30