Notes sur l’Orque après la bataille et avant la bataille
18 juillet 2015 – Ces derniers jours, l’on disait Donald Tusk, l’omniprésent président polono-européen de l’UE, suspendu à son téléphone auprès de divers chefs de gouvernement d’États-membres pour les convaincre, au cas où ils en auraient l’idée, de ne pas faire voter leur Parlement sur le bail-out troisième du nom de la Grèce. L’un ou l’autre vote négatif ferait mauvais genre, pour un accord qui semble être devenu un punching-ball pour tout économiste qui se respecte. Même Le Monde montre quelque irrespect pour la maison-mère à cet égard (le 15 juillet 2015) : «>Délirant<, >irréaliste<... Des économistes jugent le plan d'aide grec».
Pour cet instant du temps de cette crise existe comme un certain flottement, sans que l’on ne sache plus précisément qui a fait quoi dans cette partie, qui a été du côté de quoi. L’acteur le plus étrange reste le Grec Tsipras, que tout le monde, notamment parmi les antiSystème, – et nous également par conséquent, – que tout le monde salue avec respect comme >un homme courageux< qui s'est battu jusqu'au bout. Apprécié d'un œil plus froid, ce qu'a fait Tsipras au vu du résultat qu'il a obtenu, volontairement semble-t-il, est inepte, absurde, sans le moindre sens, aggravateur d'une situation déjà catastrophique. (De même et accessoirement mais de façon tout aussi significative, son attitude vis-à-vis de la Russie relève de l'incompréhensibilité par sa maladresse, son inutilité, voire une si grande incontrôlabilité qu'il a fini par faire croire à Poutine que lui, Tsipras, donc la Grèce, s'est joué de la Russie, ce qu'on n'oubliera pas à Moscou [Voir Alexander Mercouris, le 15 juillet 2015, sur Russia Insider.]) Parti pour être un héros qui sauverait son peuple du martyr au prix de son propre martyre s’il le faut, il termine lui-même, Tsipras, comme un martyr sans avoir été un héros et en prêtant main forte au martyre aggravé de son peuple, – parvenant à remplacer le >héros-martyr< par le >bourreau-martyr<. Pourtant, on ne parvient ni à le condamner tout à fait, ni à le mépriser, ni à le ridiculiser ; on lui laisse intacte sa dignité...
C’est un des mystères psychologiques de cette période, et une situation étrange parmi d’autres dans cette période d’après-la-crise (grecque/européenne). L’attachement à l’euro de certains parmi ceux qui devraient en être les adversaires les plus décidés passe toute logique. (C’est le cas de Tsipras, mais Mélenchon le vaut bien sur ce point.) Cet attachement quasi-fétichiste rejoint une sorte d’objet de sorcellerie par le biais de la fascination, entraînant à divers moments et surtout dans les plus intense une autoflagellation intellectuelle et une torture morale inimaginables. Eux aussi, nos antiSystème du moment, ont-ils leur psychologie fatiguée à ce point qu’ils en deviennent complice-Système à leur corps défendant ?
On reviendra plus loin sur ce point de la fascination, en même temps qu’on tentera de faire comprendre qu’en identifiant l’Europe désormais à l’Orque jailli du Mordor, nous ne voulons pas seulement activer un symbole, agiter l’argument ésotérique, – parce qu’en vérité il y a quelque chose de la vérité d’une situation formidable dans cela, exactement comme l’on sait désormais que le Mordor existe. (Secret-défense dévoilé : il se trouve sur Charon, certes, où Soros, Nuland & Cie devraient fixer leur quartier-général pour les révolutions de couleur).
Revenons à de meilleurs sentiments pour terminer, et pour faire un peu moins hurluberlu.
… Même les gens de confiance, ceux qui font confiance à la seule raison au contraire des hurluberlus acharnés à mentionner d’autres sources complémentaires de la raison, disponibles et utiles pour la réflexion et le jugement, ceux qui jugent de l’économie en ne parlant que d’économie, qui jugent que la situation du monde est suffisamment expliquée par l’économie, même ceux-là ne sont pas à l’aise. Ainsi du professeur allemand d'économie politique à l'Université de Siegen, Bernd-Thomas Ramb, qui estime que la question du Grexit n’est nullement réglée et que d’autres exit nous attendent… Là où le propos devient irréaliste, c’est lorsqu’il nous parle en termes d’années («Dans quelques années, l’exemple de la France…»). Cela montre que les psychologies, même si elles sont fortement secouées, ont encore quelques solides surprises devant elles, avec les coups qui vont avec, pour atteindre le niveau de maturité exigé par la situation. (Dans Sputnik-français, le 17 juillet 2015).
«… si la Grèce quitte la zone d'euro, cela pourrait renforcer la monnaie européenne car dans ce cas-là elle perdrait son image négative. Mais dans la vision à longue terme, les différences existantes au sein de l'union monétaire vont se dévoiler tôt ou tard. Il s'agît avant tout de la France qui se dirige vers un scénario à la grecque. Dans quelques années, l’exemple de la France rendra évident que la création de la zone euro entre une grande puissance comme l'Allemagne et d'autres pays qui ont trop de différences au niveau économique, était une mauvaise décision…»
Au fait, comment dira-t-on ? Fraxit ou Franxit ? Les deux ont leur charme, avec un côté réaliste et un côté ironique ; Fraxit fait penser à >fracture< et Franxit à >francisque<...