Notes sur l’insupportable fragilité de leurs politiques
21 août 2014 – Plusieurs observations, commentaires divers, et l’un ou l’autre événement également, font envisager l’hypothèse de prolongements nouveaux dans la crise ukrainienne. Nous parlons ici, d’abord, du cœur géographique et chronologique de la crise, l’Ukraine elle-même, avec les combats dans le Donbass qui représentent la question la plus urgente et la plus pressante du point de vue des réalités politiques et militaires.
Bien entendu, >le reste de la crise<, – en fait le plus important, – continue à se développer en dépendant de moins en moins de ce cœur central tout en subissant fortement sous influence, mais avec d'autres au moins aussi importantes. La crise ukrainienne elle-même est importante dans la mesure où certains de ses écarts, une aggravation ou l'autre, un changement inattendu, ont nécessairement un effet sur les relations internationales dans leur ensemble. Mais le meilleur dans ce processus n'est pas vrai : un apaisement brusque de la crise ukrainienne n'amènerait certainement pas un règlement de tous les contentieux qui se sont révélés à cette occasion dans les relations internationales.
La crise ukrainienne a réellement déclenché un processus de restructuration des relations internationales, – ou plutôt de déstructuration des relations internationales pour substantiver une situation de désordre. Il est possible qu’à partir d’elle (de cette crise), nous passions effectivement décisivement d’une situation de contrainte (des USA /du Système, sur les autres) à une réelle situation de désordre.
… Aussi, les dernières péripéties doivent-elles être relevées, pour qu’on en distingue éventuellement les perspectives.
Le résultat pour la crise elle-même, – et plus probablement sous la forme d’un processus impératif, l’évolution de la crise étant plutôt la cause que la conséquence de la fragilisation des politiques, – c’est un durcissement de la crise, un peu comme la lave se durcit une fois passée le premier embrasement, – mais ce durcissement fixant de nouvelles conditions. Il ne s’agit donc pas, ni d’un enlisement, ni d’une paralysie/impuissance de la crise. Si nous voulons parler selon nos termes favoris, il s’agit d’une structuration de la crise en un ensemble cohérent, presque autonome. La crise fait plutôt du sur-place, mais du sur-place très productif, très >fécond< pour les événements qui en découlent. Elle ne s'enlise pas, elle nourrit toutes les catastrophes diverses qui la caractérisent (voir, par exemple, les perspectives économiques).
Ainsi s’ajoutent les effets des deux événements, – fragilisation des politiques et durcissement de la crise, ou plutôt élément considérés chronologiquement à l’inverse. On comprend qu’il s’agit d’une situation où le facteur humain est de moins en moins influent, de moins en moins producteur d’influence, et si son activité subsiste et même augmente dans la phase actuelle c’est pour alimenter la situation de la crise et les événements qui l’accompagnent, en tant que forces autonomes. La situation favorise à cet égard l’interprétation métahistorique que nous privilégions ; dans cette perspective, des prolongements inattendus ou surprenants sont possibles dans les diverses politiques humaines en œuvre, la fragilisation et la vulnérabilité ouvrant la porte à l’influence des événements, – des prolongements comme, par exemple, la possibilité d’un véritable affrontement transatlantique, au sein du bloc BAO…
Tout cela n’offre rien de constructif, de cohérent, du point de vue du jugement de la raison humaine, – même un affrontement transatlantique qui surviendrait d’ailleurs d’une politique non élaborée à cet égard, et d’une façon indirecte, et laisserait tous les acteurs incertains sur la façon d’en user. La somme générale d’une telle occurrence, – qui, vraiment, n’est qu’un exemple illustratif, sans aucune indication qu’il s’accomplisse, – serait un désordre supplémentaire, – et ainsi en revenons-nous au désordre qui est le caractère fondamental du temps. Dans de cas, ce désordre a incontestablement la vertu antiSystème, son action étant une mise en cause de l’accomplissement d’une entreprise du Système. Tout cela est à envisager dans une situation d’extrême tension, même si cette tension est mal perçue par les psychologies et n’est pas comprise par les esprits. Si la crise s’est durcie comme de la lave, l’on sait bien que le volcan gronde toujours, qu’il gronde plus que jamais…