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Le JSF et nos lecteurs

Le JSF est, aujourd’hui, une affaire qui roule du point de vue de l’information : spectaculaire, avec beaucoup de méandres, de manuvres, de secrets, avec les deux complices-adversaires (UK et USA) engagés dans un bras de fer derrière une façade plus ou moins souriante, avec d’énormes enjeux et la mise en cause de principes fondamentaux. Par conséquent, nos lecteurs s’y intéressent, et c’est bien.

Nous voudrions nous arrêter à deux messages d’hier et proposer quelques très rapides commentaires. Le premier, dans le Forum général du 21 mars, nous fait suivre un article du Financial Times sur la possibilité d’une doubaïsation (pardon pour l’horrible néologisme) du JSF ; parce que, affaire classique de la globalisation, une société des EAU envisage de racheter une société britannique d’armement qui travaillerait sur des composants du susdit JSF L’horreur abyssale.

Le second, dans le Forum F&C du 21 mars, nous signale qu’Alexandre Adler vient de faire une révélation sensationnelle : « Alexandre Adler, chroniqueur dans les Matins’ de France Culture, a déjà évoqué deux fois cette semaine (et notamment ce matin) une information de la plus haute importance : la Grande Bretagne, et les autres pays européens auraient déjà dit non [pour le JSF] aux Etats Unis. »

Notre commentaire est d’abord de ne pouvoir nous prononcer sur le fond d’aucun des deux cas. Par contre, quelques remarques, suscitées par ce constat de l’extraordinaire diffusion de l’affaire JSF dans les domaines et les milieux où elle n’avait pas accès jusqu’ici.

• L’info du FT, d’abord. Elle montre qu’on commence à voir partout des nouveaux Doubaï et qu’on n’y manque pas d’y coller le JSF. C’est important. Si l’analyse du FT d’une possible polémique s’avérait juste, imaginez l’humeur d’une Hillary Clinton qui a écouté avec bienveillance Lord Drayson et qui découvre avec horreur que le troisième boulon stealth de la deuxième dérive du JSF pourrait être fabriqué par une société sous contrôle moyen-oriental Elle qui a défendu l’intégrité des ports US considérerait séance tenante le JSF comme un cas similaire.

• L’honorable AA dit-il juste? Il dit tant de choses qu’il dit parfois juste… Non, nous dirons sans ironie que nous ne savons rien là-dessus. Par contre l’intervention d’AA signifie qu’on parle de l’affaire dans les salons et dîners en ville, et au cours des petits déjeuners des ambassades. Cela signifie que, là aussi, le JSF a quitté sa retraite dorée et peinarde des spécialistes du virtualisme pentagonesque pour entrer dans l’univers des commentateurs généraux qui parlent de tout avec autorité et font parfois des dégâts par inadvertance. Si tout allait bien avec le programme, il n’en serait pas ainsi. (Notre sentiment intime est pourtant que la bagarre USA-UK va se poursuivre jusqu’à la dernière minute de l’ultimatum du 6 décembre, que rien ne sera décidé d’ici là. C’est un sentiment qui ne prétend en aucun cas être une prévision, dans une affaire dont tout montre qu’elle devient imprévisible.)

Mis en ligne le 23 mars 2006 à 09H48